L’adénome de la prostate aussi appelé hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou hyperplasie de la prostate est la principale cause d’obstruction urinaire basse. Cette pathologie et ses différents symptômes sont connus depuis fort longtemps et des études anatomiques de la glande prostatique du 3ème siècle avant Jésus Christ par Hérophile ont été rapportées. Il faut cependant attendre les études du médecin italien Jean-Baptiste Morgagni pour avoir une description précise des anomalies morphologiques de la prostate hypertrophiée.
Géographie de l’adénome de la prostate.
Près de 100 000 nouveaux hommes se plaignent chaque année en France de troubles urinaires pouvant être en rapport avec cette maladie. En France, près de 2 millions d’hommes ont des troubles urinaires et la moitié d’entre eux est traitée médicalement pour une hypertrophie bénigne de prostate (HBP). En moyenne, un homme sur 10 aura recours à un traitement chirurgical lié à une HBP. Il s’agit d’une pathologie non cancéreuse liée au vieillissement.
La répartition géographique de cette maladie a évolué depuis le début du 20ème siècle en raison des différents mouvements ethniques et du développement économique. Les populations noires et d’origines asiatiques ont paru longtemps épargnées par cette affection mais la fréquence actuellement élevée chez les patients d’origines africaines ou des immigrés d’origines asiatiques aux Etats-Unis fait mieux comprendre l’intrication entre les facteurs génétiques et environnementaux.
Aux USA, L’exérèse chirurgicale d’un adénome de la prostate est l’intervention la plus fréquente de l’homme de plus de 65 ans. Plus de 500 000 procédures y sont réalisées chaque année. En France on réalise environ 100 000 procédures similaires.
Age de l’adénome de la prostate symptomatique
Le développement de prostate s’effectue en plusieurs phases. La prostate pèse quelques grammes à la naissance. Elle ne grandit pas jusque la puberté. A partir de la puberté et sous l’imprégnation hormonale son poids va grossir d’environ 1 à 1,5 g/ an pour atteindre 20 g entre 30 et 40 ans. Ce n’est qu’à partir de cet âge que vont apparaître les lésions adénomateuses. L’âge moyen de découverte de symptômes cliniques est d’environ 60 ans chez les patients d’origine caucasienne.La prostate moyenne à 50 ans est d’environ 50 grammes.
La prostate moyenne à 60 ans est d’environ 60 grammes.
5% des prostates font plus de 100 grammes et 1% des prostates font plus des de 200 grammes.
L’adénome de la prostate va grossir avec le temps et va donc être responsable de complications comme l’obstruction du canal de l’urètre et donc des symptômes qui en découle. C’est une pathologie liée au vieillissement. On peut très facilement comprendre qu’aucun homme ne devrait échapper à son adénome de la prostate symptomatique s’il vit suffisamment longtemps.
Une prévalence plus importante de l’adénome prostatique est retrouvée dans la population citadine, ce qui peut sans doute s’expliquer par une médicalisation plus élevée. D’autres facteurs liés à des troubles métaboliques sont aussi décrits : dyslipidémie, diabète, obésité.
Mécanisme de l’obstruction liée à l’hyperplasie bénigne de la prostate.
Lorsque la glande prostatique augmente de volume, la prostate va obstruer l’urètre prostatique. Plus la prostate augmente de volume et plus l’urètre sera bouché. On peut comparer cette image à un tuyau de plomberie qui s’obstrue avec le temps.
Cette compression entrainera une gêne à l’évacuation de l’urine et se manifestera par une faiblesse du jet urinaire. Plus la compression urétrale sera importante et plus le patient devra forcer pour urine.
Le patient poussera avec la vessie qui est un muscle. Dans un premier temps à force de pousser, le muscle vésical va s’hypertrophier, se muscler. Mais cela va entrainer d’autres problèmes. Cet épaississement va entrainer une réduction de la capacité vésicale et la vessie va donc pouvoir contenir moins d’urines. Les mictions seront donc plus fréquentes.
Plus tard, à force de pousser contre l’obstacle prostatique, la vessie va abandonner la bagarre et devenir hypotonique car elle va perdre son élasticité. La vidange vésicale ne pourra alors se faire correctement.
L’obstruction de l’urètre par la prostate hyperplasique et la vidange vésicale incomplète vont être responsables des symptômes cliniques décrit par les patients :
- Faiblesse du jet urinaire : plus le temps passe et plus le jet s’affaiblit. Le patient urine en plusieurs temps. La fin du jet n’est pas nette et des gouttes retardataires continuent à couler après avoir fini d’uriner.
- Impériosités mictionnelles : le patient fréquemment envie d’uriner dès qu’il en ressent le besoin faute de quoi il va avoir des fuites.
- Difficultés à vidanger correctement sa vessie : il doit uriner très fréquemment parfois toutes les 30 minutes jours et nuits.
- Mictions la nuit : multiples levers nocturnes pouvant avoir un retentissement sur la qualité de vie.
La gêne mictionnelle est souvent corrélée au volume de la prostate, mais pas toujours.
On peut avoir une petite prostate est être extrêmement gêné et avoir une grosse prostate et n’être absolument pas gêné à la miction. Ce n’est pas la taille qui fait le problème mais le degré d’obstruction de l’urètre prostatique.
Lorsque la gêne devient trop importante et que les traitements par médicaments ne suffisent plus, une solution chirurgicale pourra être proposée aux patients.
Lorsque la qualité de vie est trop impactée par la gêne mictionnelle, la solution chirurgicale radicale est inéluctable.
Penser avant chaque miction au temps que l’on va mettre pour vidanger sa vessie, connaitre toutes les adresses des sanisettes de Paris (comme cela m’est très souvent rapporté en consultation), ne pas pouvoir faire de trajets en voiture sans pouvoir s’arrêter ou la description de manœuvres digitales sur l’urètre pour vidanger sa vessie sont autant de situations qui doivent faire sérieusement réfléchir le patient à passer à la vitesse supérieure.
D’autres situations doivent faire envisager rapidement un traitement chirurgical : les adénomes compliqués de la prostate:
- prostatites à répétitions
- troubles de la vidange vésicale avec des résidus chroniques supérieurs à 200 mL
- retentissement sur le haut appareil urinaire avec dilatation des reins et/ou insuffisance rénale associée.
- rétention urinaire (blocage urinaire)
- lithiases vésicales de stases.
L’HoLEP, le traitement au laser de référence des gros adénomes de la prostate.
Le traitement endoscopique au laser (HoLEP) est une chirurgie au laser qui permet de traiter tous les adénomes de la prostate quel que soit le volume, sans cicatrice par voie endoscopique.
Ce traitement qui est le GOLD STANDARD pour les adénomes de plus de 50 grammes présente de nombreux avantages :
- Absence de limite de volume prostatique pour réaliser l’intervention
- Diminution de la durée d’hospitalisation (sortie le plus souvent le lendemain de l’intervention ou le surlendemain)
- Intervention pouvant être pratiquée en chirurgie ambulatoire
- Diminution des saignements pré et post-opératoires
- Possibilités de réaliser l’intervention chez les patients sous antiagrégants plaquettaires ou anticoagulants
- Analyse anatomo-pathologique de l’adénome énucléé
- Absence de repousse de l’adénome
N’hésitez pas à consulter un médecin urologue si vous avez le moindre doute suite à des complications urinaires. Cela permettra de réaliser un examen dans le but d’avoir un diagnostic fiable pour limiter le risque.