Les chiffres sont alarmants. Les Antilles détiennent le triste record du monde du taux d’incidence de cancer de la prostate. Quelles sont les différentes raisons de ce problème de santé publique ?
Incidence et mortalité aux Antilles
Aux Antilles (Guadeloupe et Martinique), le taux d’incidence du cancer de la prostate est d’environ 220 cas pour 100 000 habitants par an. En France métropolitaine, le taux d’incidence est d’environ 90 cas pour 100 000 habitants par an. Le taux d’incidence est de plus du double. Ces chiffres sont relativement inquiétant. Cette sur-incidence aux Antilles n’a cependant rien de surprenant. En effet les origines des populations des îles remontent à l’Afrique sub-saharienne. Il a été démontré que le risque de développer un cancer de la prostate est plus important chez les hommes d’origine africaine que chez les hommes d’origine caucasiennes. Par ailleurs l’incidence du cancer de la prostate aux Antilles est du même ordre que celui constaté chez les populations afro-américaines aux USA ou africaines en Angleterre. La mortalité du cancer de la prostate aux Antilles est également plus élevé qu’en métropole (23 versus 10 pour 100 000 habitants par an). Plusieurs études ont suggéré que le cancer de la prostate dans la population afro-américaine était plus agressif et de moins bon pronostic que dans la population caucasienne.
Le chlordécone
Le chlordécone est un insecticide organochloré utilisé massivement aux Antilles dans la culture des bananes de 1973 jusqu’en 1993, alors qu’il avait été interdit dès 1989 en métropole. Cet insecticide était utilisé afin de lutter contre le charançon des bananiers. La pollution des sols, des eaux, de la chaine alimentaire étant encore persistante, la population est toujours exposée à cette substance.
Le chlordécone est considéré comme un perturbateur endocrinien mais aussi une substance toxique pour la reproduction,cancérogène et responsable de troubles neurologiques sévères. Luc Multigner et le Professeur Pascal Blanchet ont démontré qu’il existait une hausse significative du risque de développer un cancer de la prostate.
L’exposition au chlordécone pourrait par ailleurs multiplier par 2,5 le risque de récidive de cancer de la prostate après chirurgie.
